[Colloque] Les remontrances d’Ancien régime : art de gouverner et contestation légitime (XVIe-XVIIIe siècles)
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Colloque organisé par Ullrich Langer (Université du Wisconsin-Madison) & Paul-Alexis Mellet (Université de Tours/CESR) avec le soutien du projet ECRISA
Du 4 au 5 juin 2018, au Centre d’Études Supérieures de la Renaissance; salle Rapin
Dans la lignée des travaux sur les remontrances engagés à Madison (avril 2011), à Wolfenbüttel (janvier 2013), à Tours (janvier 2014) et à Chicago (janvier 2015), un colloque sera organisé au Centre d’Études Supérieures de la Renaissance de Tours en juin 2018. Il s’agira à la fois de tirer le bilan des différents séminaires préparatoires et d’offrir un regard panoramique sur les pratiques des remontrances, tout autant du point de vue géographique (Europe occidentale) que chronologique (XVe-XVIIIe siècles).
Ces textes ont proliféré à l’époque moderne. S’inspirant du droit de remontrance des parlements, ils ont progressivement quitté l’enceinte parlementaire pour s’étendre à l’ensemble du corps social. Dès le milieu du XVIe siècle, la noblesse, le clergé catholique, les églises réformées, les corporations de métiers, les corps des villes, sans compter de nombreuses voix individuelles, formulent des remontrances qui sont parfois imprimées. Il s’agit le plus souvent de textes courts et ancrés dans l’actualité, ne portant pas toujours de nom d’auteur ni d’adresse typographique, et s’adressant avec humilité aux autorités politiques ou religieuses afin de dresser un constat et de proposer des solutions.
Plus qu’un texte contestataire, la remontrance représente donc, selon un genre de discours très formalisé, un mode pacifique de l’opposition publique. En tant que discours délibératif, elle est tournée vers l’avenir et vers l’action, et elle suppose ainsi la possibilité même de cette action et la bonne foi des acteurs. Ses paramètres rhétoriques et éthiques suivent largement l’admonitio ou l’expostulatio de l’amitié. Elle ne discute pas la domination en tant que telle, mais plutôt ses modalités, son intensité, sa légitimité et son extension. Or, ces questions se posent avec acuité dans les périodes de fragilité comme les guerres de religion en France ou la guerre civile anglaise.