Retour sur la journée d’étude du projet, « L’écriture, ses supports, ses archives » – 27/09/2017
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Cette journée d’étude a proposé des communications ayant pour thématiques les trois axes de recherche du projet :
1) Les formes de l’écrit/ure,
2) Les supports de l’écriture,
3) Les archives de l’écrit et les collections patrimoniales du Val de Loire à l’Europe.
Retrouvez ci-dessous un résumé des interventions :
1. Les formes d’écriture
Paul-Alexis Mellet (Centre d’Études Supérieures de la Renaissance)
Les remontrances imprimées (1560-1600): étude d’un corpus hétérogène
Cette communication a eu pour ambition de définir ce que sont les remontrances en France à la fin du XVIème siècle. Issues de l’institution parlementaire, elles connaissent une grande diffusion pendant les guerres civiles car elles permettent de proposer des réformes à la couronne (religion, fiscalité, justice, etc.). Elles mettent en jeu des relations de pouvoir complexes, à l’échelle de la royauté ou localement (remontrances ascendantes), mais représentent également un moyen de gouverner pour le roi (remontrances descendantes). Elles manifestent l’avènement d’une « société politique » en voie de constitution. Enfin, elles offrent une lecture originale des guerres civiles en représentant moins les conflits et leurs événements marquants que les moments de négociation.
Olivier Marlet (CItés, TERritoires, Environnement, Sociétés)
Informatisation et interopérabilité des données archéologiques de terrain
Cette intervention a proposé un sujet sur les « bonnes pratiques » d’utilisation d’un outil d’aide à l’écriture numérique. Dans l’objectif de ne pas doubler l’information papier/informatique, le LAT a mis en place un projet d’informatisation complète de l’enregistrement directement sur le terrain. Trois tablettes numériques tactiles durcies ont été financées par le projet ECRISA pour pouvoir réaliser les tests directement sur le terrain.
Jacqueline Lafont-Terranova (université d’Orléans, LLL UMR 7270) ;
Flora Badin (CNRS, LLL) ; Guillaume Chevrot (Maison Interdisciplinaire des Systèmes Complexes, universités d’Orléans et Tours) ; Didier Colin (UPEC, CEDITEC, LLL) ; Elodie Comte (université d’Orléans) ; Maurice Niwese (université de Bordeaux, Lab E3D, LLL)
Modéliser le processus d’écriture d’un scripteur de haut niveau : intérêt et limites du repérage automatique des opérations de réécriture à l’aide du logiciel MEDITE
Dans le cadre de cette contribution, les intervenants se sont intéressés au repérage des procédures mobilisées par des étudiants ayant bénéficié d’un accompagnement inspiré des travaux de la génétique textuelle (Grésillon, 1994) pour réécrire un mémoire d’initiation à la recherche, préalablement remis sous la forme d’une première version. Les 41 mémoires collectés entre 2009 et 2013 ayant préalablement fait l’objet de plusieurs études qualitatives (Lafont-Terranova & Niwese, 2012, 2015, 2016, 2017 à paraitre) et ayant été constitués en base de données, grâce à l’appui de la Maison Interdisciplinaire des Systèmes Complexes (MISC), l’objectif, pour l’étude menée dans le cadre du projet ECRISA et de son articulation avec le projet soutenu par la MISC, était double : obtenir des résultats statistiques sur le type de modifications opérées entre deux versions (V1 et Vdef) par les 36 scripteurs ayant effectivement joué le jeu de la réécriture ; ce faisant, élaborer une méthode qui permette d’optimiser l’utilisation du logiciel Medite (Ganascia, Fenoglio & Lebrave, 2004) pour repérer les modifications entre deux versions d’un texte et classer celles-ci, en termes d’opérations de réécriture (insertions, suppressions, remplacements, déplacements). Après avoir décrit le contexte, les acteurs et les objectifs de l’étude, les intervenants ont présenté successivement le protocole mis en place pour le repérage et le classement automatique des opérations de réécriture dans la base de données, les requalifications nécessaires et facultatives par rapport aux résultats obtenus via le logiciel, des exemples d’opérations de réécriture, significatives de l’évolution du scripteur en matière d’acculturation à l’écriture de recherche.
Maxence Martin (Maison des Sciences de l’Homme Val de Loire)
La représentation des relations : présentation de l’outil d’exploration des graphes VisualGraphs
Lors de cette occasion une démonstration de l’outil d’exploration des graphes développé par la MSH dans le cadre du projet ECRISA a été proposée avec notamment une présentation du fonctionnement du logiciel, des possibilités d’utilisation du logiciel ainsi que d’exemples d’utilisation.
2. Les supports de l’écriture
Florence Troin (CItés, TERritoires, Environnement, Sociétés)
CartoMédit : de la théorie à la pratique
Initié en 2015, le projet CartoMédit a pour but de convoquer la littérature comme une source potentielle pour « faire de la géographie ». Dans cette optique, des romans qui mettent l’espace méditerranéen – et ses villes – au centre de leurs intrigues sont sélectionnés afin d’en produire une « mise en cartes », c’est-à-dire une écriture différente… Celle-ci permet de faire apparaître la valeur heuristique des descriptions d’auteurs plus ou moins connus (Camus, Zafón, Izzo, El-Cheikh) sur les villes d’Oran, de Barcelone, de Marseille et de Beyrouth. Cet exercice pose cependant quelques problèmes, comme le passage d’une écriture polysémique (la littérature) à une transcription monosémique (la carte).
Ce genre de questionnement intéresse au plus haut point un petit groupe de cartographes professionnels (d’Helsinki, de Strasbourg, de Tours et de Paris) qui réfléchissent actuellement à un retour aux moyens dits « traditionnels » de l’écriture graphique (crayons, feutres). Cet usage permet à tout un chacun de participer à des Ateliers de « Cartographie expérimentale », sans la contrainte du logiciel à maîtriser. Ainsi, en rentrant « de plein fouet » dans la carte, il est possible, quel que soit son niveau de pratique, de construire son Identity Map dans laquelle, en plus des informations géographiques, seront introduits des sentiments et des émotions.
Un 1er Atelier s’est tenu à Strasbourg en mars 2017 et un 2nd aura lieu à Tours en novembre 2017, grâce au soutien d’ÉCRISA.
[ECRISA soutient également un projet d’archivage du fonds URBAMA (Urbanisation dans le Monde arabe) et de quelques cartes du CESR. Trois étapes sont prévues : récolement, numérisation et diffusion. Ce projet est primordial pour sauvegarder des cartes qui portent sur des villes aujourd’hui en cours de démolition (Damas, Alep).]
Xavier Bisaro (Centre d’Études Supérieures de la Renaissance)
Écouter l’écriture : les sources du chant scolaire à l’époque moderne
Sous l’Ancien Régime, l’initiation au chant dans les petites écoles était une dimension incontournable ou presque de l’enseignement élémentaire dont la plupart des enfants bénéficiaient. Si les sources éclairant cette pratique éducative sont nombreuses et variées (méthodes de chant, ouvrages pédagogiques généraux, contrats de maîtres d’école, témoignages…), celles-ci restent souvent allusives et nécessitent un effort interprétatif particulier lorsque l’on tente de reconstituer les caractéristiques sonores et l’impact culturel du chant des écoliers à l’époque moderne. Cette communication a porté sur la typologie de ces sources ainsi que sur leur exploitation dans le cadre du projet Cantus Scholarum (https://www.cantus-scholarum.univ-tours.fr/). Plus généralement, il s’est agi d’expliciter une démarche qui, partant de l’abstraction d’un « contenu » et de la matérialité d’un support, cherche à atteindre les sons dont l’écriture fut le pré-texte.
Marie-Élisabeth Boutroue (Centre d’Études Supérieures de la Renaissance), Patricia Roger-Puyo (Institut de recherche sur les archéomatériaux, Centre Ernest-Babelon)
Aspect de la matérialité du livre : encres et papiers
L’analyse des encres, dans les documents anciens, est quelquefois le dernier et le seul moyen d’authentifier un document ou de mieux comprendre les chemins de sa transmission. Les techniques d’analyse physico-chimiques qui supposent un prélèvement de matière sur le document sont admissibles pour des documents modernes, dans des contextes d’expertise judiciaire par exemple, mais elles sont parfaitement inenvisageables lorsqu’on parle d’un document patrimonial, a fortiori lorsqu’il s’agit d’un document classé trésor national. Il faut alors recourir à des méthodes respectueuses de l’intégrité du document qui procèdent par stéréomicroscopie, spectro-colorimétrie et fluorescence X. L’exposé a montré les informations que l’on peut tirer de l’application de ce type de méthode à des documents anciens. Menées sur plusieurs catégories de documents, les expériences présentées ont permis de répondre à plusieurs questions intéressant la bibliothèque de Rabelais ou celle de Montaigne. L’exposé présenté a montré successivement les méthodes scientifiques qui peuvent être mises en œuvre et les types de questionnements auxquels ces méthodes peuvent apporter des réponses.
3. Archives de l’écrit et collections patrimoniales
David Rivaud (Centre d’Études Supérieures de la Renaissance)
Le projet RENUMAR : établir, éditer et valoriser les documents d’archives des fonds régionaux
Cette présentation a porté sur les origines du projet RENUMAR et particulièrement sur les premières bases de données autour de dépouillements d’archives dans les années 90, puis sur la réalisation à partir de 2003, sous l’égide des BVH, d’une première base de données en ligne autour des notaires tourangeaux. Après avoir évoqué ses évolutions et ses problèmes, les données documentaires en elles-mêmes ont été présentées, ainsi que les perspectives d’intégration de nouveaux fonds, perspectives déjà mises en œuvre autour des fonds de Bourges, Chartres, Loches, Tours ou encore Amboise. Enfin à partir d’un exemple, celui des correspondances urbaines, il a été possible de comprendre les enjeux de l’édition des fonds d’archives régionaux pour les XVe, XVIe et XVIIe siècles.
Toshinori Uetani, Mathieu Duboc, Sandrine Breuil (Centre d’Études Supérieures de la Renaissance)
Corpus « Bibliothèques Humanistes Ligériennes » et données des « Bibliotheques françoises » pour reconstituer les réseaux d’humanistes à la Renaissance
Le projet « Bibliothèques Humanistes Ligériennes (BHLi) » vise à mettre à disposition d’un vaste public une sélection d’ouvrages remarquables, manuscrits et imprimés, du milieu du XVe siècle à la fin du règne de Louis XIII conservés dans les fonds de bibliothèques du Mans, d’Angers et de La Flèche. Lancé en 2016 grâce au soutien de l’Equipex Biblissima, ce projet partenarial de numérisation, dont la première phase se déroule actuellement à la Médiathèque Louis Aragon du Mans, sera poursuivi dans un second temps à la Médiathèque Toussaint d’Angers en 2018. Si les documents numérisés seront consultables en fac-similé sur le site « Bibliothèques Virtuelles Humanistes » (http://www.bvh.univ-tours.fr/), l’intégration de ces données bibliographiques et prosopographiques, structurées, indexées et interopérables, à la base de données Bibliotheques françoises de La Croix du Maine et de Du Verdier (http://bibfr.bvh.univ-tours.fr/), ouvrira de nouvelles perspectives d’études des réseaux culturels à la Renaissance en France.